Les planètes ou les comètes décrivent dans l'espace des orbites elliptiques dont le soleil occupe l'un des foyers. Le point le plus éloigné du soleil est l'aphélie de l'astre considéré.
Il n'y a dans cette pièce, dédiée à Jesús Villa Rojo et à son ensemble L.I.M, aucune prétention à retrouver la « musique des sphères », mais ce titre peut être considéré comme une image, une métaphore illustrant le processus de l'œuvre.
Celle-ci comporte 8 séquences séparées par de courtes pauses. Les 4 clarinettes (petite en mi b, clarinette en si b, clarinette contralto en mi b, clarinette contrebasse en mi b) sont pensées dans leur écriture contrapuntique et dynamique comme un bloc tournant sur lui-même et s'approchant graduellement de l'auditeur.
Ainsi passe-t-on du souffle au son (2e séquence), du ppp au fff (3e séquence). L'idée d'orbite sonore, de tournoiement des sons sur eux-mêmes est matérialisée par les reprises de certaines cellules thématiques constituant comme des boucles sonores et par par les accords de sons multiphoniques que le remarquable ouvrage de Jesús Villa Rojo "El Clarinete y sus posibilidades" m'a aidé à exploiter.
L'éloignement ou inversement le rapprochement des blocs sonores est rendu sensible par les glissandi de la 3e séquence et de la 7e séquence. L'objet sonore est ainsi vu comme un astre à travers une lunette grossissante.
Au moment où l'on s'approche au maximum de lui, on perd la perception globale de l'ensemble et chaque clarinette poursuit son propre discours (fin de la 6e séquence, début de la 7e séquence).
Puis se reforme le bloc des 4 clarinettes qui s'éloigne progressivement de nous atteignant de nouveau son « aphélie » à la 8e séquence et l'oeuvre se termine sur le souffle indicible par lequel elle avait commencé.